www.communication-sensible.com  - Copie réservée à un usage privé.

Imprimer l'article

La matrice libérale
Didier Heiderich, Juin 2003

Le libéralisme est t-il en crise profonde ? Avec le monde pour champ d’expérimentation, les américains réalisent un test grandeur nature de l’application formelle de la pensée libérale et préparent l’ère post-libérale.

L’auto régulation par le marché est au cœur de la doctrine libérale : seul le contrat existe pour baliser la loi du plus fort. Nous l’avons accepté, parce que le libéralisme fut tout d’abord une source perceptible de richesse pour l’ensemble des pays occidentaux. Mais pendant près d’un siècle, le libéralisme était enfermé dans des zones parcellaires du monde, ce qui le contingentait. Pour s’imposer, il lui fallait s’ériger en modèle, ce qui demandait de la retenue à ses tenants, d’accepter les contre pouvoirs et une part de collectivisme. Aujourd’hui, la matrice libérale structure le monde. Mais nous sommes en train de franchir un pas et il semble que nous passons rapidement à l’air post-libérale. Car les Etats-Unis substituent de plus en plus ouvertement la force au contrat. Nous l’avons vu avec l’Irak, le protocole de Kyoto ou encore la façon dont d’autres signaux forts apparaissent chaque jour. C’est, par exemple, le droit que viennent de s’octroyer les Etats-Unis de fouiller dans votre compte en banque tout en précisant « que la liberté des américains sera garantie », sans rien dire pour « the rest of the word » dont nous faisons partie.

L’ère post-libérale est t-elle en train de naître de la stratégie américaine de se débarrasser du libéralisme ? Le libéralisme poussé dans ses limites conduit-il, par essence, au dictat et à sa fin ? Si la question mérite d’être posée, il n’en demeure pas moins qu’une crise profonde et longue semble se préparer, certes pour notre société, mais aussi pour tout ce qui vit et surtout tout ce qui naît aujourd’hui.

(c) 2003