Le 2 juillet 2019, au Sénat, nous avons assisté à la Conférence
de Presse organisée par Mme François Laborde, Sénatrice de la
Haute-Garonne, Membre du Groupe RDSE et Vice-présidente de la
Commission Culture, Éducation et Communication. La conférence
concernait la proposition de résolution n°588, dont Mme Laborde
est l’auteure, Résilience alimentaire des territoires et sécurité
nationale. Avec la Sénatrice le cosignataire M. Jöel Labbé -
Sénateur du Morbihan du même groupe parlementaire et M. Stéphane
Linou, auteur de l’ouvrage Résilience alimentaire et sécurité
nationale, texte qui a permis de mettre en lumière les
vulnérabilités de la chaîne alimentaire et ses liens avec la
sécurité nationale.
La proposition de Résolution sur la résilience alimentaire des
territoires et la sécurité nationale, n’a pas de la valeur
contraignante, mais le sujet sera présenté au Sénat pour la
première fois lors de la prochaine session parlementaire, afin
d’alerter le gouvernement sur les risques pour la sécurité
nationale du modèle de production et consommation courant.
Un constat alarmant
Selon Global Footprint Network, chaque année, l’humanité
consomme en 6 mois l’ensemble des ressources renouvelables que la
planète peut régénérer dans l’année.
En France, comme dans d’autres pays occidentaux, nous vivons du
déficit nutritionnel des pays les moins développés. Toutefois,
nous n’imaginons pas que notre système d’agriculture-alimentation
actuel puisse dysfonctionner.
La recherche de Stéphane Linou, dont l’ouvrage n’en est qu’une
des étapes, part de son expérience de Locavore, c’est-à-dire,
celui qui consomme des aliments locaux. Effectivement, il a voulu
mesurer la résilience de la chaîne alimentaire pour évaluer
l’autonomie des territoires.
Selon lui, la résilience alimentaire se définit comme la
capacité d’envisager une pénurie alimentaire, toute en protégeant
la sécurité nationale.
« Aujourd’hui, même les campagnes ne sont plus autonomes en
matière d’alimentation. Nous ne sommes plus capables de faire face
à une pénurie. Tout dépend des transports, car les enseignes
d’alimentation privées n’ont que trois jours de stock. À l’heure
où tout est interconnecté, qu’arriverait-il en cas de cyberattaque,
par exemple, visant les approvisionnements ? Ou si un pays
producteur décidait de moins produire ? Des troubles à l’ordre
public… »
La faiblesse du système agriculture-alimentation actuel concerne
différents aspects : l’appauvrissement des sols, la perte de
contrôle sur la nourriture dans le périmètre du pays, la
dégradation des ressources essentielles pour l’alimentation, le
manque de contrôle des territoires sur la sécurité
d’approvisionnement des populations.
L’intime connexion entre ressources et
sécurité nationale
Le lien entre la résilience alimentaire et la sécurité nationale
trouve une de ses bases théorique dans la pyramide des besoins de
Maslow, que nous rappelons brièvement ici.
D’après le psychologue américain A. Maslow, chaque être-humain
répond à une hiérarchie de besoins. Cette hiérarchie regarde la
possibilité de répondre à ces besoins et elle fonctionne avec une
règle très simple : nous ne pouvons pas satisfaire les besoins
d’une catégorie placé plus en haute dans la pyramide, sans avoir
comblé les besoins qui se trouvent plus bas dans la pyramide.
Les cinq niveaux de besoins se sont :
• les besoins physiologiques (p.ex. besoin de se nourrir)
• les besoins de sécurité et de protection (p. ex. avoir un
toit)
• les besoins d'appartenance (p. ex. faire partie d’un groupe
social)
• les besoins d'estime (p. ex. avoir une bonne réputation)
• enfin, au sommet, les besoins de s'accomplir (p. ex. la
réalisation de soi)
Comment la résilience alimentaire est liée à l’ordre public ?
Et pourquoi devient-il fondamental d’élaborer une stratégie
nationale ?
Le schéma proposé ci-dessous essaie d’en illustrer les étapes.
Par exemple si une cyberattaque paralyse l’ensemble des acteurs de
l’approvisionnement alimentaire, il est nécessaire de savoir que
les supermarchés n’ont que trois jours de stocks de nourriture.
Très rapidement nous verrons des files d’attente, des rayons vidés
en quelques minutes, des frustrations qui mutent en émeutes,
l’intervention des forces de sécurité qui seraient vite débordées.

Défense, agriculture, sécurité, alimentation,
risques, société civile sont extrêmement liés pour Stéphane Linou
:
« À l’heure des menaces plurielles :
cyberattaques, dérèglement climatique, accaparement des terres
agricoles, terrorisme, la production et l’approvisionnement
alimentaires ne sont pas analysés en termes de risques
stratégiques. En cas de force majeure, le déficit en capacité de
subvenir localement à l’un de nos besoins primaires, celui de se
nourrir, est flagrant ».
Que pouvons-nous faire pour augmenter la
résilience alimentaire de nos territoires ?
Planifier, relocaliser, accélérer le passage au retour de
l’agriculture biologique, privilégier les circuits courts, penser
à cartographier tous les producteurs, procéder au stockage
individuel et collectif, évaluer différentes possibilités de
transport et de distribution. Pour le dire autrement - et résumer
le travail de Stéphane Linou et des deux Sénateurs qui l’ont
invité – il faut que la résilience alimentaire devienne un sujet
prioritaire dans l’agenda politique, pour que élus, les experts en
sécurité et en gestion de risques, les représentants de la
production et de la distribution alimentaire, se concertent afin
d’élaborer une stratégie de prévention et un plan de résilience
face au risque de pénurie.
Irene Proto, cabinet
HEIDERICH Consultants
ISSN 2266-6575
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