La communication financière de crise :
une communication de combat
Edito de Didier Heiderich

Article paru dans :
La communication financière de crise
N°24 du Magazine de la communication de crise et sensible,
Février 2017
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ISSN 2266-6575 |
Dans le milieu des années 1980, la communication financière a
progressivement remplacé la publicité financière. Au-delà du
simple changement terminologique, se sont construites des
stratégies qui mêlent informations légales et communication dans
un cadre normatif et technique qui ne peut se défaire de la
réalité d’un terrain sensible à l’extrême. Ainsi, en situation de
crise, le communicant ne peut l’aborder avec les poncifs
habituels. La transparence ? La communication financière est régie
par des règles strictes. La nécessité de communiquer rapidement ?
La notion d’information privilégiée bouscule le calendrier.
L’utilisation des réseaux sociaux ? Il ne s’agit plus d’émettre de
plates et généralement peu efficaces excuses, mais de faire face à
une déferlante de rumeurs. L’empathie ? Difficile de la traduire
en données économiques.
La communication financière en situation de crise est une
gageure, elle ne peut se satisfaire de la moindre erreur, n’admet
pas le doute et se veut particulièrement technique. Jean-Yves
Léger nous le rappelle dans l’article « La communication
financière d’aujourd’hui sert-elle à éviter la crise ? ». Il
soulève le paradoxe entre une technicité croissante de la
communication financière, vouée à « l’Investor Relations », en
décalage avec la communication d’entreprise. La communication
financière est sous une pression permanente, ce sur quoi Jean-Yves
Léger nous met en garde : « la communication financière peut
devenir une communication susceptible de créer, par elle-même, la
crise ».
Nathan Cahn, avec l’étude du cas de Vinci
ébranlé par un faux communiqué de presse, analysent également le
risque communicationnel et nous interpellent sur « la
communication comme facteur de fragilisation des entreprises ».
Décidément, l’univers de la communication financière, par ses
obligations et de qu’elle possède de périlleux, se veut en
permanence sensible. Rahma Chekkar et Stéphane Onnée en font la
démonstration, dans l’article « Communication financière et raids
boursiers », sur l’apport de la communication dans la mise en
échec de tentatives de prise de contrôle hostile. C’est pourquoi,
ce numéro invite à un audit de la communication financière, axé
sur les risques.
C’est également compter avec l’évolution de l’univers normatif,
par exemple, celui de l’IFRS qui bouscule l’univers comptable ou
encore de la loi Sapin 2. Sujet connexe et lié, ce numéro
s’attaque au délicat sujet de la corruption, avec Philippe
Montigny pour qui il s’agit d’un risque non assurable et non
externalisable. La loi Sapin 2 en France, dans la même veine que
le FCPA aux Etats-Unis, modifie considérablement la donne, avec
l’élargissement des exigences de lutte contre la corruption aux
filiales, ce qui promet des jours difficiles à ceux imaginent que
quelques media training, éléments de langage et tweets suffisent à
construire une stratégie de communication de crise efficace. La
décision de communication, la maîtrise de l’agenda, le choix des
axes de communication en situation de crise, l’audace, souvent
nécessaire, et surtout la connaissance intrinsèque de l’entreprise
dans son univers financier, économique, technique, social,
juridique, international, exige décidément du discernement et des
compétences pointues et complémentaires. Et plus particulièrement
la communication financière de crise, à la fois communication de
combat et d’équilibre.
ISSN 2266-6575
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