Que fallait-il lire en 2012 ?
Par Thierry Libaert, PhD
L’année 2012 fut une excellente cuvée pour la littérature en
communication de crise. Parmi les belles découvertes, citons
notamment :
• Jean-Baptiste Fressoz, L’apocalypse joyeuse. Une histoire
du risque technologique, Seuil, 316 pages.
Rédigé par un historien des sciences, ce livre est une
merveille d’érudition mise au service d’une démonstration limpide.
L’auteur étudie l’émergence de la culture du risque en centrant
son travail sur l’apparition des vaccins, des usines chimiques,
des chemins de fer et de l’éclairage au gaz.
• Amiso M. George et Cornelius B. Prat, Case studies in
crisis communication : international perspectives on hits and
misses, Routledge, 540 pages.
Le premier livre de communication de crise réellement
international. Ce gros ouvrage est composé d’études de cas
rédigées par un auteur différent par pays, ce qui permet de
connaître des exemples de communication de crise au Nigéria,
Kenya, Egypte, Afrique du Sud, Chine, Japon, Thaïlande, Australie,
Angleterre, Allemagne, Russie, Iran, Liban, USA, Mexique, Chili et
Colombie. J’ai rédigé le chapitre sur la France.
• Sophie Gaultier-Gaillard, Michel Persin et Benoît Vraie,
Gestion de crise : les exercices de simulation, de l’apprentissage
à la pratique, AFNOR Editions, 240 pages.
Une déception. Je pensais trouver une méthode rigoureuse, comme
sait parfaitement en conduire l’AFNOR, pour construire un exercice
de crise et je trouve un ouvrage inégal, composé du point de vue
de 17 auteurs s’exprimant sur le sujet. A noter un prix prohibitif
de 38 euros pour un ouvrage de moins de 250 pages.
• Sécurité et stratégie. La gestion de crise,
Septembre-Octobre 2012, 88 pages.
Il s’agit du dernier numéro de la revue du Club des directeurs
de sécurité des entreprises que préside Alain Juillet et dont le
rédacteur en chef est Olivier Hassid. On y trouve d’excellents
articles sur le facteur humain dans la gestion de crises, sur les
leçons de Fukushima (Gérard Pardini), sur la crise de la
plate-forme Total en mer du Nord au printemps 2012
(Charles-Edouard Anfray et Didier Heiderich), ainsi qu’une très
bonne synthèse par Patrick Lagadec.
• Emmanuel Bloch, Communication de crise et médias sociaux,
Dunod, 210 pages.
Je ne l’ai pas lu, c’est le prochain sur ma pile d’ouvrages à
lire, mais je m’en voudrais, pour l’avoir au moins longuement
feuilleté, d’indiquer des livres 2012 marquants en communication
de crise, sans l’avoir mentionné. L’ouvrage apparaît complet,
opérationnel, et il est basé sur de nombreux exemples.
• Cass R. Sunstein, Anatomie de la rumeur, Editions Markus
Haller, 190 pages.
Paru en 2009 aux USA et traduit cette année en France, cet
ouvrage traite des rumeurs et des moyens de les combattre et
précisant bien que le simple démenti ne peut que se révéler
inefficace. Il préconise des stratégies d’alliance en utilisant
des relais d’opinion pour montrer que l’information n’est pas
jugée crédible par les personnes les plus susceptibles d’y donner
foi. Pour le reste, il s’agit d’un bon ouvrage de vulgarisation,
mais qui contient trop de digressions ou des références à des
textes américains.
• Roselyne Bachelot, A feu et à sang, Flammarion, 260 pages.
Dans ce témoignage de la campagne UMP pour la présidentielle,
Roselyne Bachelot consacre bizarrement de nombreuses pages pour
revenir de manière artificielle sur la crise AH1N1 et tenter de
défendre son bilan. Plus généralement, elle déclare que tout
processus de crise se déroule toujours en trois parties, « le choc
et l’émotion, la solidarité et l’unité, et enfin le doute, la mise
en cause et la recherche de boucs émissaires » (p. 175). A noter
une erreur ; Roselyne Bachelot indique avoir géré la crise du
naufrage de l’Erika à l’hiver 2002, alors que l’Erika s’était
échoué en décembre 1999 (il s’agit donc vraisemblablement du
naufrage du Prestige au long des cotes espagnoles, mais pour
lequel la marée noire s’étendit sur les cotes françaises).
• Valérie Perruchot-Garcia, Dynamiser sa communication
interne, Dunod, collection 100% pratique, 184 pages.
Par l’ancienne directrice de la communication interne d’Axa,
l’ouvrage contient un excellent chapitre sur la communication
interne de crise et le rôle du communicant interne en situation de
crise.
• Thierry Libaert et Marie-Hélène Westphalen, Communicator,
Dunod, 6ème édition, 620 pages.
Comme « charité bien ordonnée commence par soi–même » (proverbe
que je dévoie allégrement), je me permets de signaler le chapitre
(40 pages) consacré à la communication de crise dans ce manuel de
référence pour les étudiants, que je réactualise désormais seul
depuis 2008. Deux experts ont témoigné de leur expérience, Tea
Lucas de Peslouan, qui pilote le département Communication de
crise de Burson-Marsteller France et Eric Giuilly, qui préside le
cabinet CLAI après avoir dirigé Publicis Consultants.
Thierry Libaert
- Professeur en communication à l’Université de Louvain
- Maître de conférences à Sciences-Po Paris
- Membre du Comité Economique et Social Européen.
- Directeur Scientifique de l’Observatoire International des
Crises
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