Choix des mots et communication de crise : le
soulagement de DSK
Par Thierry Libaert
On sait que la crise peut détruire une réputation, mais qu’elle
peut aussi la renforcer. On sait aussi que Dominique Strauss Kahn
bénéficie des conseils avisés des meilleurs communicants de crise,
on sait aussi qu’il a déjà montré dans le passé sa capacité à
rebondir notamment avec l’affaire de la MNEF ou la cassette vidéo
sur les HLM de la ville de Paris. À l’heure où certains le donne
mort politiquement, le simple examen des mots employés dans sa
première déclaration montre que rien n’est improvisé et que les
spins doctors ont encore de beaux jours devant eux.
Leçon N°1 : se poser en victime, après que le mot de «
cauchemar » est été employé, les termes utilisés traduisent cette
volonté de générer de l’empathie. « C’est la fin d’une épreuve
terrible et injuste ».
Leçon N°2 : Faites intervenir vos proches : cette
épreuve que vous avez traversé n’est rien par rapport à la
souffrance de votre famille et vous n’êtes pas soulagé pour vous,
mais pour eux. « je suis soulagé pour ma femme, mes enfants, mes
amis ».
Leçon N°3 : faites jouer une chaîne de solidarité, ce
sera aussi tacitement une manière de culpabiliser ceux qui vous
auront accusés et remercier ceux qui vous ont soutenus en vous «
envoyant des lettres, des emails ».
Leçon N°4 : restez humain, vous aimeriez rentrer chez
vous rapidement, mais vous devez d’abord récupérer votre passeport
et saluer des amis, vous avez donc encore « des petites choses à
faire »
Leçon N°5 : Hiérarchisez vos objectifs, le fait de faire
sa déclaration en français, et annoncez sa volonté de retour «
dans mon pays » traduit ce souci d’empathie et de proximité. On
conçoit que le terme de « revenir en France » aurait paru trop
neutre.
Bref, du grand art, en peu de mots soigneusement pesés, tout
est dit. On peut imaginer une stratégie en 2 temps dans les
prochains jours, d’abord une focalisation sur l’épreuve traversée
et l’on pressent l’exclusivité à un grand magazine ou une chaîne
de télévision pour recueillir les premières mémoires. Puis, une
stratégie axée sur l’expérience internationale et ce que l’ancien
directeur du FMI peut apporter à la vie politique française. Non,
DSK n’est pas mort politiquement.
26/08/2011
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