Crises et pays
pauvres
Les pays en voie de développement à l'épreuve de la gestion des
crises
Par Akadaoui MocarramNous vivons une crise ! Telle
est la réponse magique de nombre de responsables dans les pays
sous développés ou en voie de développement. Du premier coup
.L'avocat du diable peut dire que la réponse lancée est un
argument fort. En fait, ces pays dont l'économie n'a pu être
structurée, ou en voie de l'être, n'a pas un système immunitaire
qui puisse anéantir les virus et rétablir les équilibres. On vit
dans une crise permanente; nous ajoutent-ils. Toutefois, la crise
n'est pas un destin. Si on peut la considérer comme une
défaillance du système ou de l'une de ses composantes, elle reste
tout de même un phénomène à affronter. Concernant la gestion des
crises dans les PVD (pays en voie de développement) ou les PSD
(pays sous-développés) ,nous soulevons cinq réserves que nous
citerons sous forme de déficit de :la communication, la prévision,
l'implication de tous les intervenants, le suivi et le contrôle,
et en fin le sérieux et la sincérité .On ne considérera pas
l'ordre important, puisque ces pays ,dans la plupart, ne sont pas
dotés d'institutions démocratiquement élues, responsables devant
les électeurs et ne font pas appel à la science dans le traitement
des crises, sinon font encore recours aux moyens classiques,
parfois archaïques.
-L'implication des intervenants. La crise n'est pas
l'affaire de tout le monde. Par là nous voulons dire toutes les
parties concernées ,les opérateurs dans le domaine où s'est
déclenchée la crise. En fait, et sous réserve d'intérêts suprêmes
de l'Etat, ou encore de sauvegarde de l'image de marque du système
au pouvoir, la gestion de la crise est l'affaire d'un nombre
restreint de proches ou de l'entourage du Chef de l'Etat; monarque
soit-il ou Président (à vie). Pas d'exagération si l'on dit que
même le gouvernement en place n'est pas tenu au courant des
mesures prises pour rétablir les dérèglements, et les Ministres
font le travail des coulisses ou attendent de voir le
développement des choses dans les medias ,parce que des fois on
fait appel à certains de leurs subalternes (qui doivent leurs
nominations dans des postes de responsabilités à ces fameux
collaborateurs du Chef de l'Etat) sans respect de la voie
hiérarchique .Un comité "informel", "illégal" est souvent
constitué et le secret reste à huit clos. Pas de droit à
l'information que dans la limite de ce qui ne pourrait nuire à la
bonne marche du système politique
-La communication de la crise. Nous la concevons
doublement.une communication "spéciale" destinée aux différents
opérateurs privés soient-ils ou publics, concernés par la crise.
L'absence de la communication à ce niveau sème la zizanie au sein
des membres du gouvernement et donne lieu à des spéculations
allant au-delà de la réalité. On commence à parler de la
conspiration ,et de l'implication de certaines parties, internes
ou externes: la crise est le résultat d'un coup monté par les
ennemis du système; nous disent-ils. On se trouve ,ipso facto,
devant plusieurs accusés et responsables du déclenchement de
ladite crise sans pour autant que les responsabilités soient bien
déterminées .Dans ces pays(PVD, et PSD),on a tendance à mélanger
les prérogatives sans spécifier qui fait quoi, ni qui assume la
responsabilité. Il s'agit de mettre à l'abri "les protégés. La
communication publique ,visant le peuple ou le reste du monde
,prend souvent la forme de déclarations du genre "tout est sous
contrôle ","les choses vont bien", "suite aux hautes instructions
du Chef de l'Etat, tout est rentré dans l'ordre". De telles
déclarations divisent le public entre indifférents qui exigent de
connaître la vérité ,et qui ne font guerre confiance aux medias
voire au régime en place; et les spectateurs et inventeurs
d'explications personnelles n'ayant aucune relation avec les
faits. La division de l'opinion publique est des fois préméditée
pour que ne soit pas constitué un front populaire demandant d'être
informé de la réalité des choses, des responsables du
déclenchement de la crise et des mesures disciplinaires
entreprises à leur encontre, qui peut aller jusqu'à des
condamnations judiciaires.
-La sincérité. Lorsque la crise est l'affaire d'une
"élite" qui n'implique que les Hommes de confiance pour lui mettre
un terme (à la crise), les compétences sont absentées et les
experts dont le rôle serait le traitement de la crise par un
diagnostic adéquat et des mesures limitant ses effets néfastes
voire les éliminer, deviennent de simples spectateurs qui font
appel aux medias pour suivre le cours des événements ,si une
information est diffusée. En l'absence d'un suivi du Chef de
l'Etat, ou de la pression populaire, médiatique,..Cette élite a
tendance à laisser les choses en cours de route sans que la cure
soit complète. C'est comme si on administrait ; pendant un jour ou
deux; un antibiotique contre un virus, ce qui le rend plus féroce.
-Suivi et contrôle. Comme la gestion des crises; dans
les PVD, fait l'objet de "manœuvres" de la part de "l'élite" par
sa tenue à l'écart des différents et principaux opérateurs, qui,
comme il a été dit, se détournent des fois vers les medias(si
communication a lieu) pour se mettre au courant du sort de ladite
crise; le suivi(le calcul des risques n'est pas à évoquer) n'a pas
lieu, puisque,en l'absence de l'insistance du Chef de l'Etat ,une
,ou autres crises vont faire oublier la première et déclencher un
nouveau cercle vicieux.
-Prévision des risques. Malgré l’existence
d’institutions de la gestion des crises dans certains PVD ,tel que
l’Egypte par exemple(liée au Premier Ministre) elles ne dépasse
pas le cadre d’une cellule ou d’un petit service(surtout pour la
forme). En fait, quelque un de ces pays ont franchi un grand pas
dans les prévisions socioéconomiques, mais la gestion des crises
reste toujours un sujet tabou ;peut être bien à cause de la
liaison faite par certains entre la crise et l’échec. Dans ces
pays, le Chef de l’Etat est l’homme le plus sage ,le plus
intelligent ;…il est qualifié par par toutes les qualités de la
bonne gouvernance .C’est ce qui explique ,en partie ,la
communication de la crise déjà évoquée. Si le traitement de la
crise passe par ce qui a été précédemment dit, comment pourrions
nous imaginer ,en l’absence de la transparence et de la
communication un calcul des risques ou une prévision des crises
puisque l’existence de celles-ci ou même leurs prévisions portent
préjudice à l’image de marque du système en place. C’est en tout
cas l’argument « solide » de « l’élite » dans ces pays. Qu’est
qu'on y peut! Le fait que l'attribution des postes de
responsabilité pour cette dernière se base principalement sur le
critère de la confiance et de l'allégeance; en est une autre crise
qui doit trouver une solution, mais cette fois-ci, loin de ladite
"élite".
Akadaoui Mocarram
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