Introduction
En utilisant l’univers stratégique propre au jeu de GO, cet
article souhaite éclairer l’une des nouvelles pratiques que déjà
plusieurs grandes entreprises françaises mettent en œuvre pour
avancer sur le terrain de la responsabilité sociale et
environnementale : s’appuyer sur les parties prenantes et
constituer des structures ad' hoc pour les impliquer dans leur
gestion et leur devenir.
En effet, depuis plusieurs années, les entreprises se lancent
dans ce qu’il est convenu d’appeler une politique de
‘développement durable’ dont l’un des enjeux majeurs est de
concilier croissance et progrès social et environnemental en
nourrissant, notamment, des relations avec leurs parties prenantes
(ou stakeholders) (1). En l’espèce, l’une des dernières évolutions
réside en la constitution de structures intégrées à l’entreprise
et souvent reliées au Comité exécutif du groupe. Certes différent
selon la structure porteuse, leur ‘objectif matriciel’ est
toutefois de produire un dialogue permanent avec une société
civile représentée, entre autres, par des associations et des
organisations non gouvernementales. La philosophie d’un tel
dispositif, il est vrai exceptionnel, est donc celle d’une
certaine forme de coopération, seule à même de permettre à
l’entreprise de faire valoir son point de vue auprès de ses
parties prenantes tout en l’amenant vers de nouveaux terrains
d’actions.
Or, c’est bien en cela que l’univers stratégique du jeu de GO
paraît pertinent pour caractériser, illustrer et faire mieux
apprécier les possibilités offertes par ce nouveau type de process
consultatif. Car, contrairement au jeu d’échec à dominante
offensive, le GO cherche l’avantage concurrentiel (le
positionnement), la vision sur le long terme (la prospective), la
coexistence (l’échange) davantage que l’élimination ou la rupture
dans l’équilibre des forces en présence (2). De plus, le Jeu de GO
peut avantageusement rendre lisible la stratégie d’entreprise
puisqu’il rend compréhensible de nombreux problèmes micro ou
macro-économiques. Ce qui explique son aura grandissante dans les
cercles du management d’entreprise et justifie ici son utilisation
en tant que ‘révélateur’ d’une pratique novatrice de dialogue dont
la ‘rareté’ méritait, pour l’Observatoire International des
Crises, un traitement singulier …
Ce texte propose donc une double grille de lecture qui emprunte
à l’univers du jeu de GO son esprit, sa dynamique et son
originalité : en partant des "principes fondamentaux" de ce jeu
chinois de stratégie dont les premières traces écrites remontent
au V siècle avant notre ère, il se veut être une approche concrète
et globale, précise et pédagogique d’un process de "gouvernement
d’entreprise" qui associe davantage qu’il ne combat. Car plutôt
que la confrontation brutale, ce mode de relation fécond fait
entrer l’entreprise en résonance avec les acteurs du développement
durable. En proposant simultanément une lecture duale entre GO et
management, en construisant des liens entre principes du jeu et
réalité socio-économique des quelques organes existants à ce jour,
les auteurs livreront une perception originale de ce nouveau process de dialogue mis en œuvre par plusieurs grandes
entreprises. Et parce que son principe même est de faire appel au
regard critique des parties prenantes, il s’agira aussi d’en
évaluer avantages et inconvénients, forces et faiblesses, atouts
et contraintes afin d’en dégager les principaux contours comme les
perspectives majeures.
Aux lecteurs de l’OIC qui ne possèdent sans doute pas tous les
bases du jeu de GO, les auteurs proposent deux étapes pour
appréhender l’intérêt stratégique et pratique de la mise en place
de ce nouveau type d’alliance : la 1ère dégage les principaux
liens qui unissent GO et management stratégique (I), sur un
registre plutôt théorique. La 2nde se propose de prouver l’intérêt
d’y recourir à partir des principes fondamentaux du jeu de GO
(II). Plus portée vers la pratique, cette deuxième étape sera
illustrée de quelques extraits d’entretiens réalisés pour
l’occasion auprès de membres ou de managers d’organes intégrés au
sein de grandes entreprises françaises.
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