La recrudescence ces dernières semaines des agressions de
professeurs dans les établissements scolaires du secondaire
souligne l’urgence d’une réflexion globale sur les méthodes et les
moyens à mettre en œuvre pour stopper ce qui pourrait être
banalisé. Même si la plupart des agressions restent imprévisibles,
l’anticipation de tels événements par la mise en place d’un
programme d’actions et d’information au sein des rectorats mais
aussi des établissements est à privilégier.
Responsabilité, immédiateté, transparence : ces mots clés de la
communication de crise prennent également tout leur sens en milieu
scolaire. Face à un public nombreux, plus de 1000 élèves par
établissement très souvent, dont les NTIC n’ont plus de secrets
pour eux (SMS, mails, photo, vidéo via les téléphones portables
multifonctions, et autres blogs…), il est important de réagir dans
l’instant pour clarifier l’information, et que celle-ci émane
d’une source fiable et officielle. La tentation serait grande de
ne pas communiquer sur ce type de faits sous prétexte de préserver
la réputation des établissements, ou d’éviter que des faits
similaires ne se reproduisent dans d’autres, avec pour excuse un
climat de violence latent généralisé. Il est clair qu’il est
difficile de mesurer les risques de « contagiosité » de ces
passages à l’acte.
Dans le cas de la Cité Scolaire Internationale de Lyon, où un
enseignant a été poignardé (hors de danger aujourd’hui) le 5 mars
dernier par un lycéen, une vraie réactivité de la part du rectorat
et du lycée a permis d’éclaircir les faits auprès de la presse.
Et, une prise en charge des élèves de la classe concernée a été
effectuée suite à l’événement. Une réunion d’information a eut
lieu dans le gymnase regroupant les élèves du collège et du lycée.
Les élèves ont écouté attentivement leur proviseur qui a «
condamné l’acte mais plaint son auteur ». Leurs applaudissements à
la fin des interventions des représentants des élèves, des
professeurs, et des parents ont témoigné d’une grande cohésion.
Dans ce contexte spécifiquement international, le champ de
répercussion est géographiquement et culturellement plus étendu
puisque quarante-huit nationalités sont représentées. Sept
sections internationales de l'école élémentaire au lycée :
allemande, anglaise, espagnole, italienne, japonaise, polonaise et
portugaise. Une population scolaire composée principalement
d’enfants de cadres expatriés de multinationales et d’enfants de
couples mixtes. Une situation d’ordinaire sans histoire mais à
laquelle peuvent s’ajouter des problèmes familiaux qui à l’échelle
de la planète s’intensifient (séparation et éloignement des
familles). Le modèle « split family » dont souffrent beaucoup de
cadres expatriés se répercute a fortiori sur les enfants et
adolescents, population éminemment sensible.
Le rôle exemplaire des CPE (conseillers principaux
d’éducation), une exception française, pour favoriser le dialogue
avec l’ensemble des acteurs de la communauté scolaire, est un
moyen de prévention, d’alerte sur certains problèmes très
efficace. Mais le manque de personnel pour compléter cette action
notamment de psychologues, est à souligner. La mise en place d’une
cellule d’aide psychologique après les faits, et la possibilité
pour les élèves qui le souhaitent d’assister à une séance
d’information donnée par des avocats sur les droits et le statut
de l’enfant dans un cas de délinquance (matériel ou physique) est
aujourd’hui courante. L’information et la sensibilisation en
amont, de façon régulière et auprès de l’ensemble des élèves, le
sont moins ou parcellisées par manque de moyens.
* Gabrielle Devarenne est Consultante en communication
Tél. : +33 (0)6.60.73.70.98 - E-mail :
devarenn@free.fr
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