Les pouvoirs publics font figure de bouc émissaire
privilégié en matière de gestion de crise. Il est vrai que
l’histoire les a souvent trouvés en position difficile. Entre
Tchernobyl, le sang contaminé, la vache folle ou l’amiante, il
s’agit plutôt d’une suite de contre-exemples que d’une réelle
gestion de crise. Il faut également reconnaître que leur marge de
manoeuvre est souvent étroite : lors d’un naufrage, si le ministre
se rend sur les lieux de la catastrophe, les observateurs
dénonceront la tentative de récupération ou la manœuvre politique,
et s’il ne se déplace pas sur ces lieux, les médias pourront à
loisir signaler son absence.
Depuis peu, nous avions observé une évolution tangible dans la
communication gouvernementale et nous avions remarqué et écrit (Le
Monde 01/11/2005) que la manière dont les pouvoirs publics avaient
anticipé le risque pandémique marquait un tournant.
Un nouveau palier semble aujourd’hui franchi avec la circulaire
ministérielle adressée le 23 mars 2006 par le Premier ministre à
l’ensemble des ministres du gouvernement et relative à la
coordination de la communication gouvernementale.
Cette circulaire a surtout pour objectif de spécifier le rôle et
les modalités d’action du SIG, le Service d’information du
Gouvernement qui assure trois missions :
- L’information du gouvernement sur l’état de l’opinion
publique et des médias,
- L’information du public sur l’action gouvernementale,
- La coordination des actions de communication des différents
ministères.
Cette circulaire, qui se substitue à la précédente datant de
2002, présente une importante nouveauté : la place de la
communication interministérielle de crise y est pour la première
fois officiellement consacrée et cela de manière forte puisqu’elle
est explicitement désignée comme un sujet devant « faire l’objet
d’une attention toute particulière en termes de communication ».
Le SIG se voit donc doté d’une structure légère de
communication de crise rattachée à son directeur. Sa mission, en
relation avec le Secrétariat général de la Défense nationale (SGDN)
est définie comme participant à l’élaboration de la stratégie de
communication de crise, au travail d’anticipation et de typologie,
à la rédaction des volets de communication des plans
gouvernementaux et à l’élaboration des outils de communication. Il
participe également à l’organisation et à l’exécution des
exercices nationaux majeurs.
C’est donc une avancée majeure que nous avons plaisir à
souligner.
T.L.
Thierry Libaert
est maître de conférences à l’Institut d’Etudes Politiques de
Paris. Il est - entre autres - l’auteur de "La communication de
crise", Dunod, 2ème édition 2005 et Directeur Scientifique de l'Observatoire
International des Crises
Magazine de la communication de crise et sensible.
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