En annonçant la fermeture du site de la Sogerma à Mérignac,
le 12 mai dernier, la direction d'EADS a déclenché une nouvelle
polémique, s'attirant les foudres des salariés, des partenaires
sociaux et du gouvernement.
Qualifiant cette annonce de brutale, la presse a rappelé
l'histoire de la société et de son implantation au niveau
régional, tout en indiquant que la Sogerma connaissait des
difficultés financières depuis plusieurs années.
Dans ce contexte complexe, elle a donné la parole aux
dirigeants de la Sogerma et aux partenaires sociaux qui ont
dénoncé le manque de politique industrielle de l'Etat et qui ont
critiqué le fait que certains contrats aient été confiés à une
société portugaise, moins coûteuse.
Par ailleurs, elle a souligné les inquiétudes des salariés et
des syndicats et leurs doutes face au plan de reclassement proposé
par la direction d'EADS. Sans doute l'indignation aurait-elle été
moindre si le groupe EADS n'avait pas annoncé dans le même temps
de bons résultats semestriels?
Les médias ont également repris et commenté les propos de MM de
Villepin et Borloo ainsi que ceux de Mme Alliot-Marie. Les
premiers ont mis en exergue la volonté du gouvernement
d'intervenir pour sauver des emplois à la Sogerma et imposer une
nouvelle concertation à la direction d'EADS pour trouver une
solution acceptable à tous les salariés d'ici fin juin.
La ministre de la Défense a, pour sa part, souligné que la
Sogerma n'avait pas trouvé de modèle économique pérenne lui
permettant de faire face aux changements imposés par l'économie
mondiale et de rester compétitive. Par ailleurs, elle a précisé à
la presse que de nouvelles commandes de l'armée française,
sollicitées par le coprésident d'EADS, Noël Forgeard, à l'issue
des discussions entamées avec le gouvernement, ne suffiraient pas
à sauver la Sogerma.
Au-delà de l'émotion suscitée par la fermeture de cette
entreprise locale, la presse s'est interrogée sur les raisons
profondes de l'intervention de M. de Villepin, y voyant une
manière de reprendre la main sur le terrain social après la crise
du CPE et de redorer son blason suite aux polémiques liées à
l'affaire Clearstream. Par ailleurs, certains se sont demandés
comment l'Etat pouvait se montrer si surpris et si indigné face à
cette annonce, rappelant qu'en qualité d'actionnaire d'EADS à
hauteur de 15 % du capital, il avait entériné la décision de
fermer le site.
Incontestablement, cette crise sociale a terni la réputation
médiatique d'EADS, désormais davantage perçue comme une entreprise
peu respectueuse des salariés de la Sogerma. La direction du
groupe a été critiquée pour avoir annoncé brutalement la fermeture
du site de Mérignac et pour son plan de reclassement jugé
insatisfaisant.
Le suspens reste entier sur le sort de la Sogerma.
Sylvie Testard
Analyse et commentaire réalisés par Sylvie Testard-Ramirez,
directeur général d'Echo Research France sur la base de 387
articles parus dans la presse quotidienne nationale en ligne entre
le 1er et le 29 mai 2006.
www.echoResearch.com
Article paru initialement dans
Influencia
Magazine de la communication de crise et sensible.
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