Une crise peut être vue comme une opportunité
d’apprentissage, non dans le but de réduire la probabilité
d’occurrence de l’événement désastreux mais dans l’objectif
d’améliorer la gestion de l’événement survenu. L’intérêt de cet
article n’est pas de mettre en place des processus d’évitement de
la crise mais au contraire de travailler post-crise et d’en tirer
les enseignements qui en découlent par une nouvelle approche. Une
nouvelle approche qui consisterait à porter un regard différent
sur la crise, à devenir acteur de la crise et un acteur « actif »
de la crise. C’est pour cela que nous nous sommes intéressés au
principe de résilience qui est intimement lié à la crise
elle-même.
En effet, la crise est la condition sine qua none à la mise en
place du processus de résilience. Cependant, si ce n’est pas parce
qu’il y a eu crise que l’individu va être résilient.
La résilience dont le principe réside dans la capacité à sortir
plus fort d’un traumatisme pourrait permettre la mise en évidence
de la capacité intrinsèque des organisations à retrouver leur état
d’équilibre, soit leur état initial soit un nouvel équilibre, pour
fonctionner après un désastre.
A l’origine, la résilience est la faculté d’un matériau à se
montrer à la fois élastique et résistant à un choc.
Boris Cyrulnick, neurologue et éthologue, décrit la résilience
comme la capacité qu’ont certains individus blessés dans leur
enfance, a devenir plus fort dans leur vie future. Le chercheur
canadien Gilles Paquet s’est intéressé au phénomène au niveau
macroéconomique et le définit comme « la faculté à retomber sur
ses pieds, à garder le cap, à assurer la capacité d’un organisme
ou d’une société et le maintien d’une certaine permanence dans un
environnement turbulent ».
Selon Pierre d’Huy, consultant pour le cabinet de conseil en
innovation Experts : « la résilience est la capacité, non pas à
résister d’un seul bloc comme vents et marées mais à se structurer
de façon à ce que la crise ou le choc, même et surtout ceux qui
sont totalement imprévisibles, puissent être supportés par
l’entreprise, et parfois même par la renforcer. »
Le concept de résilience a trouvé rapidement ses adeptes dans
le champ social, économique, comportemental…mais son analyse sur
le plan organisationnel reste à faire D’après la littérature, la
question concernant la situation de la résilience en tant que
processus ou capacité reste ouverte. La résilience peut apparaître
comme un concept à part entière, complexe à analyser car il se
situe à la croisée de plusieurs paramètres où convergent
différentes variables. Mais la résilience peut être considérée
comme un processus évolutif où interagissent des conditions
internes et externes à l’organisation.
Il est à noter que la notion de résilience empruntée aux
sciences sociales (psychologie) a, à ce jour, été uniquement
mesurée à l’échelle individuelle et jamais à l’échelle
organisationnelle. La résilience ne concerne pas seulement
l’individu mais peut-être appliquée à un groupe voire à une
organisation. Manciaux, Vanistendael, Lecomte et Cyrulnick (2001)
propose une définition transversale « La résilience est la
capacité d’une personne ou d’un groupe à se développer bien, à
continuer à se projeter dans l’avenir en dépit d’évènements
déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes
parfois sévères ».
Cette contribution visera à explorer les relations entre les
organisations et une éventuelle présence de résilience produite
suite à une situation extrême. L’objectif de ce travail est
d’analyser aussi en quoi la résilience pourrait être un véritable
outil décisionnel en terme de gestion de crise.
La recherche sur la résilience permettrait de mettre en
évidence l’importance majeure du fonctionnement cognitif
d’adaptation ou de mésadaptation d’une organisation. Il faut noter
que la résilience des organisations passe par une pratique
systématique de l’évaluation et par une transparence de la gestion
de crise.
Existe t’il oui ou non une résilience organisationnelle ? C’est
la question fondamentale posée. La recherche en sciences de
gestion, en particulier avec les auteurs Weick, K et Roberts, K
apporte déjà quelques éléments de réponse. Pour eux, la résilience
peut se retrouver dans les organisations hautement fiables comme
les porte-avions nucléaires ou les services de secours
(pompiers).Pour Weick, K, Pour Weick, la résilience s’entendrait
comme la construction d’un système d’actions organisées et sur le
maintien de ce système face aux situations. Il analyse à la fois
des « petits » systèmes (incendie de Mann Gulch) comme des «
organisations hautement fiables » . Les organisations hautement
fiables sont des organisations qui sont capables de réviser ses
propres routines à chaque fois qu’elles se trouvent confrontées à
des événements nouveaux et insurmontables. L’organisation fiable
sait développer des procédures formelles et informelles et un
fonctionnement capable de détecter et d’anticiper les erreurs
potentielles.
Analyser et identifier les facteurs de résilience dans les
organisations hautement fiables permettraient à terme d’identifier
un modèle de construction de ce processus transférable à d’autres.
Processus qui, bien entendu, permettra de tirer un enseignement de
chaque crise. L’objet de ma thèse se situe là. L’organisation
choisie est le système ferroviaire français et britannique.
Bout Lugdivine,
ATER à l'Institut de Management Public et Gouvernance
Territoriale
Aix en Provence.
Doctorante en 3ième année en sciences de gestion
CESMAP / CEROG
Titre de la thèse : " la résilience des organisations en
situations extrêmes".
(c) 2005
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