Le journal de la communication de crise et sensible a une ambition et une conscience aiguë de
ses responsabilités, cela explique notre focalisation sur les
crises organisationnelles et leurs multiples incidences.
Aujourd’hui, il nous semble nécessaire de franchir un cap :
nous ne pouvons rester indifférents à l’extrême désarroi des
grands people de ce monde, nous devons tenter de défricher le
terrain des stratégies de communication de crise appliquées à la
sphère du show business.
Puisque dans show business, il y a business, nous pensons
qu’une star construit sa réputation comme une entreprise. Les
enjeux financiers sont souvent énormes et toute atteinte à l’image
de la star peut se répercuter immédiatement sur les ventes de
disques, d’entrées cinématographiques, de livres, … Comme pour une
entreprise, la réputation est un paramètre central et les
sanctions peuvent être immédiates et de grande ampleur.
A l’exemple des crises organisationnelles, les crises people
semblent s’accélérer. L’origine se situe fréquemment au sein de la
presse spécialisée (Voici, Gala, Oh là, etc.) qui fait ses choux
gras de la vie cachée et des petits secrets des stars comme le
fils caché de Loanna ou les amours secrets de Jennifer. Les
investigations judiciaires et leurs fuites sont un élément
déclenchant comme l’illustrent l’affaire Robert de Niro au travers
des accusations de participation à un réseau de prostitution ou
l’affaire Johnny Hallyday accusé de viol. L’édition est également
un paramètre majeur ; Luc Ferry, BHL ou Mylène Farmer en ont
récemment fait les frais par le biais d’ouvrages extrêmement
critiques.
La plupart des stratégies de communication de crise que nous
avons recensées pour les organisations (reconnaissance,
contre-attaque, projet latéral, dénégation, minimisation, …) se
retrouvent parfaitement lors d’attaques people. Il est vrai que
toutes ces stratégies existaient déjà chez Aristote pour l’étude
de crises d’ordre individuel.
Deux différences nous semblent ici fondamentales. La frontière
entre bonne et mauvaise réputation est plus fragile s’agissant du
people. Le paramètre déterminant apparaît être la notoriété : «
Parlez de moi, même en mal, mais parlez », « Tout, mais pas
l’indifférence ». Certes pour des drames ultimes comme celui vécu
dans l’affaire Cantat-Trintignant, les fans de Noir Désir eurent
du mal à conserver leur admiration au leader du groupe, mais
en-dehors de ces cas extrêmes, combien de vedettes bénéficient
d’une réputation sulfureuse, de Madonna à Jim Morisson de Courtney
Love aux héros de l’Ile de la Tentation.
La seconde différence réside en ce que la star ne semble avoir
comme stratégie que l’utilisation de son avocat et le recours aux
procès pour atteinte au droit à l’image ou à la diffamation. Cela
peut renflouer davantage son porte-monnaie, mais n’améliore guère
son image. Or, comme parallèlement, l’impérialisme de la
transparence survalorise l’aspect « personnage public » au
détriment de l’argument de la vie privée, la star voit son image
brouillée et écornée par une vision purement financière de la
crise. Sachant que par ailleurs, il lui arrive de « mettre en
scène » sa propre vie privée, le public éprouve quelques
difficultés d’empathie avec la star en crise.
Nous sommes donc le plus souvent dans une stratégie de la
contre-attaque, mais d’une contre-attaque sans argument autre que
juridique. Cela peut s’accompagner d’une recherche en
revalorisation d’image auprès de médias « alliés » offrant à la
star l’ouverture de ses colonnes et la possibilité d’une
explication non contradictoire. Guy Birenhaum affirmait ainsi que
« Paris Match est décidément resté un organe de soutien avéré pour
les délicates entreprises de communication de crise »._
Il y a donc là un champ d’étude, voire un marché pour la
communication de crise. Il reste que si Adriana, Francesca et
autres Jessyca traversaient la moindre crise, toute l’équipe –
bénévole - de communication-sensible.com serait immédiatement
actionnable et prête à s’engager pour de nouveaux défis. ;-)
T.L.
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