L’ambition de l'OIC est de mettre en avant des exemples que nous
considérons positifs pour la crédibilité de la communication de
crise. C’est dans cet esprit que nous avons lancé le trophée du
meilleur mémoire étudiant. Dans cet esprit, nous ne ressentons pas
l’envie de distribuer des bons ou des mauvais points, mais
parfois, sans la moindre arrière-pensée d’attirer l’attention sur
des exemples contraires.
Sous le titre « Protéger les plantes, les semences et donc la
santé du public », Les Echos du 12 août 2004 ont publié le point
de vue de Christophe Terrain, Président de l’Association générale
des producteurs de maïs. L’auteur nous pardonnera de ne citer que
quelques-uns de ses propos, le lecteur pourra consulter
l’intégralité de l’article sur le site du journal.
Le thème de l’article est bien évidemment lié à la polémique
sur le rôle des pesticides et leur impact sur la mortalité des
abeilles. Christophe Terrain est bien assurément dans son rôle de
défenseur de sa profession, mais pour viser à l’efficacité,
peut-être faudrait-il utiliser d’autres arguments que :
• L’amalgame : « C’est la dose et l’emploi qui font la toxicité
! A forte dose, l’eau de Javel, le savon liquide, l’huile ou même
le Coca-Cola ou l’eau peuvent devenir dangereux. »
• La minimisation : « Les baignoires, les voitures sont
potentiellement dangereuses. Mais doit-on pour cela les interdire
? »
• La culpabilisation. Ceux qui seraient inquiets des produits
de traitement des semences devraient savoir que « Tous les progrès
scientifiques ont généré des syndromes de repli, des chasses aux
sorcières et des peurs irrationnelles. »
• La banalisation : « L’électricité, les antibiotiques,
l’automobile, le laser, les rayons X peuvent être dangereux. Mais
n’a-t-on pas réussi à maîtriser les dangers liés à leur
utilisation ? »
• L’appel à l’honneur : « Les agriculteurs sont des « citoyens
» à part entière, ils gagnent leur vie durement en nourrissant
leurs concitoyens et en prenant en compte les préoccupations de la
société. »
• L’alarmisme : nous devons prendre garde à ne pas déboucher «
sur une paralysie du système d’alimentation et de protection
sanitaire des français, sur un découragement des agriculteurs et
des chercheurs et des risques pour la santé des consommateurs. »
Le gaucho ou le chaos en somme.
Et l’auteur d’appeler à la création d‘une nouvelle étude…
Cas d’école pour les étudiants en communication de crise, cet
article ne vise pas à répondre sur le fond du débat et ne fournit
aucun chiffre. Conçue comme la défense d’une profession dans le
cadre d’une stratégie d’alliance, il présente un patchwork mal
ficelé d’arguments, comme si l’effet catalogue d’une suite
d’arguments non liés entre eux pouvait renforcer la crédibilité de
l’ensemble.
Enfin, aucune démonstration n’est spécifique à la crise,
chacune pourrait parfaitement convenir à tout autre produit ou
activité industrielle.
Nous n’avons donc pas été convaincus par les pages du Président
des producteurs de maïs. Mais pouvait-on l’être ? Monsieur Terrain
cherchait-il réellement à nous convaincre ? Nous ne le pensons
pas. Notre perception est que ce type d’article vise avant tout
une fonction cathartique, il ne cherche pas à convaincre, il
cherche à fédérer. Le rôle d’un dirigeant politique ou syndical
est de canaliser des passions collectives, d’exprimer des
frustrations et des mécontentements. En portant la voix des
difficultés des producteurs de maïs, leur président s’adresse
peut-être avant tout à eux et ici il démontre le respect d’un
paramètre central de la communication de crise ; la prise en
compte de la logique de l’interlocuteur : « Je vous ai compris. »
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