Spécialiste du « Risk Management », Judy
Larkin nous présente ici un ouvrage de référence particulièrement
bien documenté. Le thème principal du livre est qu’il ne peut y
avoir de bonne communication de crise sans intégration de la
communication globale et de l’analyse des risques au plus haut
niveau du management de l’entreprise.
Parce que la valeur de la réputation est en
augmentation constante et pèse désormais plus de la moitié du
capital de l‘entreprise (53 % de la valeur des 500 premières
entreprises françaises), l’image de l’entreprise apparaît comme
une assurance pour minimiser les risques.
Un exemple est donné pour les risques externes par l’analyse du
krach boursier de 1987 aux Etats-Unis : les entreprises ayant la
meilleure réputation recouvrant rapidement leur niveau antérieur,
celles ayant une mauvaise réputation chutant de manière
vertigineuse.
Le risque interne (lié directement à l’activité de l’entreprise)
est évidemment dominant et l’auteur analyse trois motifs pour
lesquels l’entreprise se doit de travailler sa réputa-tion pour
réduire le risque de crise :
• Le rôle d’Internet qui réduit la
portée de l’émission des messages de l’entreprise, celle-ci n’est
plus définie par ce qu’elle dit ou fait, mais par ce que les
autres, grâce à Internet disent, amplifient voire déforment.
• La force des ONG. Il existe
actuellement 300 ONG internationales et 26.000 na-tionales.
Greenpeace compte 2,6 millions d’adhérents, elle est présente dans
39 états. Le WWF compte 5 millions de membres, Amnesty
International exerce ses activités dans 140 pays.
• La puissance des flux financiers
internationaux. Par la possibilité d’influer sur l’orientation
des investissements financiers (1,2 milliards de milliards de
dollars sont échangés chaque jour, cela représente 50 fois plus
que les échanges commerciaux), la réputation d’entreprise et les
risques de crise exercent un rôle d’attraction et de répulsion. J.
Larkin présente de nombreux cas où sous la pression des
investisseurs institutionnels, des entreprises ont dû revoir
totalement leur stratégie et activités.
« Tout ce que l’entreprise dit ou fait peut améliorer ou
détruire sa valeur de réputation » ; c’est pourquoi le management
du risque de réputation doit être positionné au sommet des
préoccupations de l‘entreprise.
Très opérationnel, basé sur de nombreux
exemples de crises particulièrement bien analysés (Firestone,
Coca-Cola, Intel ...), l’ouvrage est un des plus précis et
rigoureux sur le sujet.
Notons également l’extrême richesse des annexes présentant des
fiches pratiques (risk radar screen p. 76 à 83), des listes
exhaustives de sites web, ...
A la marge nous regrettons simplement quelques
inexactitudes (l’explosion de Challenger date de 1986, non de
1996, p. 93) et un certain abus de la langue « consultant » -> les
3 C du message (Concern, Commitment, Control) les 3 S de la
réputation (Socially responsible investment, Stakeholder
partnership, effective Stewardship) ...
Judy Larkin, Strategic Reputation Risk Management
Pilgrave, 2003, 276 pages
Site de l’auteur :
http://www.regesterlarkin.com
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(*)
Thierry Libaert est Maître
de Conférences à l'Institut d'Etudes Politiques de Paris,
enseignant en sciences de l'information et de la communication à
l'Université Paris IV (CELSA-Sorbonne) et auteur,
entre autres, de
"La communication de crise", Dunod 2001.
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