Créer l’émotion, inviter au voyage, susciter
l’envie, donner de la vie : les publicitaires se sont accaparés
nos sens, notre mémoire, nos désirs, nos rires et nos peurs. Mais
l’émotion reste souvent la grande absente dans la communication de
crise, et encore plus sur Internet.
L’émotion : c’est l’une des premières questions
qu’il serait nécessaire de se poser dans la gestion de multiples
formes de crises et tout particulièrement des crises touchant à
l’intégrité d’êtres humains. Mais si la question semble rarement
posée, l’émotion est un élément fondamental de nombreuses crises.
L’émotion contribue fortement dans la profondeur et l’étendue
médiatique de la crise. Mais qu’est-ce que l’émotion ? L’émotion
c’est ce pompier au visage fatigué et noirci sortant des flammes,
l’émotion c’est cet oiseau en train de s’enliser dans le pétrole,
l’émotion c’est le désespoir de cette employée sacrifiée sur
l’hôtel de la rentabilité, l’émotion c’est la colère de cet
agriculteur écrasé par le système.
L’émotion, c’est ce que les médias nous
montre et ce que nous partageons.
Mais l’émotion c’est aussi la grande absente de
réponses juridiques, techniques, normatives, technocratiques qui
nous sont généralement servies par les institutions lors des
crises. Alors pourquoi cette absence ? Probablement parce que lors
d’une crise, submergés par les données à traiter, par les
journalistes qui appellent, par les avis divers et variés, par la
fatigue et le stress, l’émotion n’a pas sa place dans l’esprit des
dirigeants. Mais aussi, parce que l’émotion est un tabou, parce
qu’elle serait une manifestation de faiblesse, parce qu’elle est
difficile à maîtriser. C’est ensuite que l’émotion vient, souvent
trop tard même si parfois elle rattrape la crise médiatique. Alors
que faire ? Laisser la place à l’émotion et surtout ne pas la
bannir, ne pas la considérer comme une faiblesse, se l’approprier
et la gérer comme un élément à part entière de votre communication
de crise, la faire sienne. Et si les journalistes vous posent
l’inévitable question des responsabilités, pourquoi ne pas
préciser avant tout que vous aussi vous êtes blessés, tristes ou
en colère, que vous éprouvez de la compassion ?
Sur Internet, la question est encore plus
épineuse car l’émotion semble difficile à susciter sur ce média.
Il n’y a pas de mystère à cela : personne (ou presque) énonce la
problématique de l’émotion dans la conception d’un site Web. A
tord. La question de l’émotion devrait être pourtant posée dans
toute réponse formulée en ligne face à une crise : quelle émotion
peuvent ressentir les visiteurs de mon site Web ? Aucune si l’on
en croit la liste des communiqués successifs qui restent
généralement la réponse sur Internet retenue par les institutions
en situation de crise.
Finalement, ne serait-il pas nécessaire de
montrer un visage humain dans votre communication de crise ?
Ceci dit, vous pouvez aussi décider de laisser l’émotion aux
autres : aux victimes, à vos détracteurs, aux journalistes et en
définitive à l’opinion publique.
03/09/2002
Rédacteur : Didier Heiderich
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