C’est vrai, grâce à Internet, il est
possible d’accéder à des informations issues du monde entier (ou
presque) : journaux, forums, sites web ! Il ne reste plus qu’à
traduire ces informations…. pour réaliser que la veille ne se
situe pas simplement au confluent de l’accès à l’information et de
la langue.
Cette illusion fait cependant le bonheur des
spécialistes de la veille sur Internet (dont nous faisons partie)
car chacun de nous peut supposer l’ubiquité possible : cependant
il n’en est rien.
Pour commencer, Internet est un univers où les
lieux se font et se défont. Ainsi, il est nécessaire d’être
profondément intégré dans le paysage local pour pouvoir saisir ces
lieux, fussent-ils virtuels. Alors que les plus puissants des
moteurs de recherche indexent timidement quelques pour cents des
sites web, il est utile de connaître en profondeur les sources
régionales, le fondement de leurs contenus, leurs origines, leurs
objectifs et leurs affiliations. Seul un travail très lourd de
prospective, renouvelé en permanence le permet…
Malheureusement, le problème ne se limite pas
au recueil de l’information, encore faut-il pouvoir la comprendre.
C’est ici que tout se joue : comment peut-on estimer la valeur des
mots – même traduits - sans être imprégné de la culture locale et
pour cela sans vivre dans le pays ? La dialectique ne suffit pas à
rendre compte d’une idée sous-jacente, d’une plaisanterie cruelle
qui pourrait sembler anodine vu de chez nous. S’il s’agit d’être
au fait d’événements médiatiques avérés, la question de la
centralisation géographique semble possible. En revanche, si le
propos est de devancer l’événement, de déterminer les tendances,
donc les risques nous pouvons douter de la méthode.
Enfin, la concentration des informations
s’accompagne souvent d’une centralisation des décisions. C’est
ainsi que l’on finit par réagir mal ou mal à propos : tout est
erroné, l’information que l’on croit disséquée, le propos que l’on
pense compris, le contexte que l’on imagine maîtrisé, la réponse
que l’on suppose en adéquation. Les hommes politiques l’ont
compris depuis longtemps à leurs dépends et préfèrent s’en tenir
au terrain, à la proximité, à la rencontre plutôt qu’aux notes des
conseillers (quoi que…).
Alors quelles solutions pour la veille
internationale ? Peut-être des relais locaux et sûrement de la
modestie. Chacun se targue de posséder les sources, des logiciels
puissants d’analyse sémantique en plusieurs langues, mais posez
vous la question inverse : existe t-il un logiciel capable de
créer une plaisanterie qui vous fera rire ? Même si les mots
parviennent jusqu’à nous par le truchement d’Internet, il reste
encore à en faire des phrases. Cette leçon vaut bien un fromage
n’est-ce pas ?
Rédacteur : Didier Heiderich
Le Jeudi 21 Juin 2001 © Tous droits réservés
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